jeudi 31 janvier 2013

3 apercus d'Hanokh Levin. Un agitateur d'idées. Religion. Mort. Souffrance

3 textes plutôt grinçants d' H. Levin sur des sujets aussi sérieux que la religion, la mort ou la souffrance.
LA GENÈSE
Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.
Et la terre n’était que chaos et les ténèbres régnaient sur la surface de l’abîme et l’esprit de Dieu planait sur les eaux.
Et Dieu dit : « Que la lumière soit ! »
Et tout resta noir.
Et la terre n’était que chaos et les ténèbres régnaient sur la surface
de l’abîme. Et il fut soir et il fut matin - premier jour.
Et Dieu se leva au deuxième jour et dit : « Que la lumière soit ! »
Et tout resta noir.
Et la terre n’était que chaos et les ténèbres régnaient sur la surface
de l’abîme. Et il fut soir et il fut matin - deuxième jour.
Et Dieu se leva au troisième jour et dit : « Pour la troisième et dernière fois, que la lumière soit ! »
Et tout resta noir.
Et la terre n’était que chaos et les ténèbres régnaient sur la surface
de l’abîme.
Et il fut soir et il fut matin - troisième jour.
Et Dieu se tut le quatrième jour et le cinquième jour.
Et au sixième jour, Dieu se leva et poussa un grand cri :
« Ou bien je suis Dieu ou bien je ne suis pas Dieu - que la lumière
soit, merde! »
Et une toute petite lumière s’alluma à la fenêtre d’un immeuble et un
homme en pyjama se pencha vers l’extérieur et dit : « Qui est-ce qui nous réveille au beau milieu de la nuit en criant qu’il est le bon Dieu? »
Scier ma femme en deux, je peux le faire aussi, 1966

2. LETTRE D’UN SOLDAT À SON PÈRE (chanson)
Cher papa
Quand tu seras debout au-dessus de ma tombe
Vieux fatigué solitaire
Que tu verras mon corps se recouvrir de terre
Toi en haut, papa, et moi dans la pénombre
N’essaie pas de prendre une posture inspirée
Tête haute regard fier

Profite bien, papa, de notre ultime chair à chair
Bientôt tu n’auras plus que tes yeux pour pleurer
Ne retiens pas tes larmes oublie la dignité
Ne joue pas les vainqueurs
Demande-toi plutôt, papa, si c’est à ton honneur
D’avoir soudain un fils étendu à tes pieds
Ne parle surtout pas de ton grand sacrifice
Le sacrifice c’est moi seul qui l’ai fait
Garde tes grands mots, papa, ils seront sans effet
Je n’entendrai plus rien au fond du précipice

Cher papa
Quand tu seras debout au-dessus de ma tombe
Vieux fatigué solitaire
Que tu verras mon corps se recouvrir de terre
Papa, demande-moi pardon 
Reine de la salle de bains, 1970




3. Mesdames et messieurs, regardez,
un homme tombe du haut d’un toit.
Les bras écartés, il tournoie dans les airs,
son cri se brise et résonne.
Vous reculez d’un pas, de peur
que son sang vous éclabousse
mais, fascinés, vous suivez sa chute
et attendez, avec délectation et horreur,
l’instant fatal, l’instant unique
où son corps heurtera le sol.
N’y cherchez pas un sens ni une morale,
contentez-vous d’apprécier le spectacle : un homme tombe
et bientôt il sera mort.
Les Souffrances de Job
 

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