jeudi 16 octobre 2014

Mon avis sur Phèdre, de Racine et mise en scène par Christophe Rauck



Notre classe de théâtre de seconde est allée voir Phèdre le jeudi 9 octobre au théâtre des Célestins. Et pour ma part, je n'en suis pas ressortie déçue.

                Christophe Rauck offre ici une mise en scène intéressante et les acteurs rendent vivant les magnifiques alexandrins de Racine. Comme une langue étrangère, on a du mal au début à s'acclimater à cet étrange français, mais même lorsque le sens nous échappe, reste la musicalité des vers qui nous emporte.

                Mes moments préférés dans la pièce : le monologue de Théramène annonçant la mort d'Hippolyte (joué par Julien Roy), que j'ai trouvé particulièrement poignant et vivant. Sa voix nous entrainait que la scène tragique de la mort d'Hippolyte et on vibrait à l'écoute des détails. J'ai aussi beaucoup aimé la scène entre Aricie et Hippolyte ainsi que leur étreinte et leurs façons de regarder vers le ciel à mesure qu'ils discutent de leur avenir. On sentait vraiment l'amour très fort qui les unissait et cela renforce plus encore le dimension tragique de la mort d'Hippolyte, tué dans l'éclat de sa jeunesse.

                Une chose m'a toutefois un peu déçue. Avant d'aller voir Phèdre, je m'imaginais l'héroïne de la pièce comme une femme sublime, torturée par sa passion, tiraillée entre son amour pour Hippolyte et sa haine à l'égard de ses propres sentiments, bref une héroïne poignante qui respire la tragédie. Cécile Garcia Fogel offrit une belle performance de Phèdre, mais absolument pas telle que je l'imaginais. A mon goût, elle penchait parfois trop vers l'hystérie et la folie, et se montrait trop languissante. C'est un choix d'interprétation qui se justifie tout à fait mais qui personnellement ne m'a pas convaincu. J'ai préféré la jeunesse et la fougue d'Aricie, le contraste entre elle et Phèdre étant flagrant (jusque dans le costume : des robes pour Phèdre et un pantalon pour Aricie).

                Il y avait de nombreuses choses surprenantes dans la mise en scène de cette pièce : l'arrivée de Thésée, habillé en Minotaure, sa famille le déshabillant et le plongeant dans l'eau, et certains costumes un peu étonnant. Voici mes interprétations de la mise en scène :

                L'arrivée de Thésée fut assez impressionnante : par le planché, habillé d'une armure en forme de Minotaure. Cet habit est selon moi un symbole de son héroïsme (le Minotaure étant une de ses victoires les plus connues), de même que son arrivée fracassante, mais l'accueil très froid de sa famille casse définitivement tout l'effet et renforce le malaise que ressent Thésée dans cette scène.

                Un moment fit particulièrement rire le public : après son arrivée, Thésée est déshabillé et jeté de force dans une sorte de baignoire par sa famille. Selon moi, ce moment symbolise le destin tragique que va subir Thésée : son fils finira par mourir à cause d'un monstre marin, à la suite des imprécations qu'il lança contre Hippolyte en invoquant Neptune, dieu de la mer. L'eau et le fait que ce soit sa famille qui l'y jette (le malentendu qui le poussa à maudire son fils venant de sa femme et d'Œnone) symbolise cette fatalité.

                Les choix de costumes étaient également intéressant : le manteau de fourrure de Thésée renforce l'image d'un roi un peu arrogant et colérique, la "jupe" d'Hippolyte rappelant les toges de l'époque antique, ou les tenues de Phèdre, très "femme fatale".

                En conclusion, je dirai que cette soirée au théâtre a prouvé à tout le monde que Phèdre est une de ces pièces intemporelles devant lesquelles on passe toujours un aussi bon moment.
by Marie

1 commentaire:

01. 16. 17. 62. 63.